la bible

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Un travail de traduction imposant, initié par les évêques catholiques francophones

Le lancement de la nouvelle traduction

« Le 4 décembre 1963, les Pères du concile Vatican II ont approuvé la Constitution Sacrosanctum Concilium sur la sainte liturgie. Pour faciliter l'application du renouveau liturgique souhaité par les Pères conciliaires, le Saint-Siège a successivement publié cinq documents importants. Le premier d'entre eux fournissait avant tout des directives sur le rôle central des évêques dans le renouveau de la liturgie pour l'ensemble de leur diocèse.

Par la suite, l'activité du renouveau liturgique s'est concentrée sur la révision des éditions en langue latine des livres liturgiques et leur traduction dans les différentes langues modernes.

À l'occasion du 25e anniversaire de la Constitution conciliaire, le pape Jean-Paul II a publié le 4 décembre 1988 une lettre apostolique Vicesimus quintus annus, dans laquelle il invitait à une réévaluation progressive et à une consolidation des travaux entrepris depuis le dernier concile. Le 20 mars 2001, le Saint-Père a approuvé une instruction préparée par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. Cette instruction, Liturgiam authenticam, constate et souligne le succès du renouveau liturgique promu par le Concile ; elle insiste cependant sur la nécessité de veiller à la garantie de l'unité du Rite romain sur le plan mondial. Elle invite donc l'ensemble des Conférences épiscopales à mettre en chantier une nouvelle édition des textes liturgiques en commençant par les textes bibliques.[…]
Depuis près de dix-sept années, des équipes de spécialistes se sont mises au travail ; elles nous livrent aujourd'hui une version intégrale de la Bible en langue française dans le respect des principes promulgués par le pape Jean-Paul II. Puissent leurs efforts porter beaucoup de fruit pour la gloire de Dieu et le salut du monde. »

Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, président de la Commission Épiscopale Francophone pour les Traductions Liturgiques, « Pourquoi une nouvelle traduction ? », in Découvrir la traduction officielle liturgique de la Bible, pp. 7-9.

La traduction : témoin d'une langue en évolution

« Pourquoi une nouvelle traduction de la Bible ? Une nouvelle traduction tient compte de l'évolution du langage. Une langue évolue, car elle est une réalité vivante, liée à l'histoire des mentalités et des cultures. Le sens des mots varie dans le temps, parce que l'usage courant donne à un mot un sens précis qui finit par l'emporter sur les autres. Par exemple, l'adjectif formidable a étymologiquement le sens de terrifiant. Aujourd'hui, formidable signifie magnifique, remarquable, et a perdu le sens insistant sur la peur.

Dans la nouvelle traduction liturgique de la Bible, il est apparu opportun de choisir certains mots, parce que le sens dont ils sont porteurs actuellement correspond mieux au sens accessible à beaucoup. Certains lecteurs pourront le regretter, mais des choix ont été faits en pensant à la signification des mots dans le monde d'aujourd'hui. Par ailleurs, tout langage est utilisé pour relier les personnes entre elles, pour les mettre en relation afin qu'elles « se comprennent ». Pour assurer un vivre ensemble paisible[…]. Il s'agit bien de mettre le même sens, la même réalité sous le même mot. […]

Cela est essentiel quand il s'agit du langage biblique utilisé non seulement dans la lecture personnelle, mais souvent dans la proclamation publique. Une assemblée, un groupe qui écoute la parole de Dieu doit pouvoir, en entendant le même mot, percevoir le même sens. La communion ecclésiale se construit lorsque les esprits sont à l'unisson dans la même perception du langage. Dans l'action liturgique, l'assemblée des croyants, en entendant le même texte, peut parvenir à une compréhension commune, y compris à plusieurs facettes.

Une nouvelle traduction, y compris quand il s'agit du texte biblique, tend à une amélioration de la compréhension de la langue d'origine. […]Grâce à ce travail, c'est un large public qui a accès aux richesses d'un texte qui devient, alors, une véritable nourriture. L'homme ne vit pas seulement de pain. Il vit aussi de la parole qui lui est transmise dans un langage devenu accessible grâce à la traduction. »

Mgr Philippe Gueneley, évêque de Langres, président de l'Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones, « La traduction : témoin d'une langue en évolution », in Découvrir la traduction officielle liturgique de la Bible, pp. 11-14.

Une traduction représentant plus de 17 ans de travail, par 70 traducteurs, pour une véritable traduction scientifique

La traduction en usage dans la liturgie a été approuvée en 1974 par les épiscopats francophones et a reçu la confirmation du Saint-Siège en 1975 ; cependant les textes bibliques de la liturgie des Heures suivaient soit une traduction originale, soit la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) pour les textes de l'office des Lectures. Il y avait donc une disparité de traductions dans l'ensemble de la liturgie. Le chantier d'une traduction intégrale a été lancé en 1996, avec des équipes de traducteurs littéraires et de traducteurs exégètes, afin que cette traduction soit à la fois précise et respectueuse du texte hébraïque ou grec, mais aussi audible pour la proclamation publique.

L'ensemble de la nouvelle traduction a été soumis aux conférences épiscopales francophones en 2005, afin que chaque évêque puisse transmettre ses remarques : 4 200 sont remontées de cette consultation, et ont été examinées par cinq commissions d'experts français, belges, canadiens et suisses.

En 2008, la version amendée de la traduction a été présentée à la Congrégation pour le Culte divin, qui a transmis 3 séries d'observations (soit environ un millier de remarques) à une commission de quatre membres, dont le cardinal Albert Vanoye, chargée d'examiner ces observations. À l'automne 2012, le texte définitif résultant de ces échanges a été adopté par les différentes conférences épiscopales.

D'après le Père Jacques Rideau, directeur du SNPLS (Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle) et secrétaire exécutif de la CEFTL (Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques), « Une entreprise de longue haleine », in Découvrir la traduction officielle liturgique de la Bible.

Une traduction intégrale de l'ensemble de la Bible

« Au lendemain du concile Vatican II, les évêques catholiques francophones ont fait élaborer une traduction de la Bible destinée à la proclamation liturgique. Cette traduction répondait aux besoins de la liturgie renouvelée, telle que promulguée par le pape Paul VI. Elle reprenait tous les passages de l'Écriture sainte qui figurent aux Lectionnaires des célébrations, à savoir la quasi-totalité du Nouveau Testament et une bonne partie de l'Ancien Testament.

Toute la Bible
La nouvelle traduction publiée cette année ne se cantonne pas à réviser les textes francophones des années 1970 : elle reprend tous les textes bibliques canoniques dans leur intégralité. Ainsi on y trouve les 2 000 versets du Nouveau Testament et les 21 000 versets de l'Ancien Testament qui faisaient défaut dans la première traduction liturgique.

Cette nouvelle traduction est donc d'importance, spécialement en ce qui concerne l'Ancien Testament, puisque seul un cinquième de ce recueil avait été initialement traduit pour la proclamation liturgique.[…] La traduction intégrale de la Bible liturgique offre d'heureux avantages. Elle permettra, par exemple, à qui a entendu un court passage vétérotestamentaire à la messe, ou bien un passage abrégé, de se référer au chapitre complet d'où la lecture est extraite et de prendre ainsi connaissance de son contexte général. »

Père François Roten, directeur du Centre romand de pastorale liturgique (Suisse), « Une traduction intégrale de l'Ancien Testament », in Découvrir la traduction officielle liturgique de la Bible, pp. 63-67.

Traduire la Bible

« Une des caractéristiques essentielles et fondamentales du texte biblique est qu'il a toujours été traduisible. Dès l'Antiquité, les traditions juives et chrétiennes ont privilégié la compréhension du message à la sacralisation de la langue originale – hébreu et araméen pour le Premier Testament, grec pour le Second Testament. Ainsi, très tôt, y a-t-il eu des traductions de la Bible en araméen, puis en syriaque, en grec et en latin. Évangéliser, porter la Parole à toutes les nations, c'est d'abord traduire la Bible dans leurs langues. Le concile Vatican II a rappelé qu'il existe pour ainsi dire trois « langues officielles » bibliques pour l'Église catholique : d'abord le latin, avec la Vulgate du grand traducteur Jérôme, le grec, de la vénérable Septante, et l'hébreu qui, depuis le XXe siècle, sert de texte de référence aux traductions du Premier Testament en langues modernes.

Nécessaire traduction
Il est donc dans l'ordre des choses de traduire la Bible en français. Il s'agit d'une nécessité et d'une richesse. Chaque traduction a sa personnalité – et donc, ses forces et ses faiblesses, ses traits de génie et ses tics de langage. Aucune n'est parfaite. Chaque traduction a aussi ses objectifs. Toutes sont donc complémentaires. […] La diversité des traductions respecte aussi la fertilité de l'inspiration biblique, qui est esprit, et non pas lettre : chaque mot de la Bible est un diamant aux multiples facettes qui n'enferme jamais Dieu dans un unique reflet, déjouant par là la tentation d'une description objective. »

Alain Gignac, professeur d'Écriture sainte à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de Montréal, « Quelques traductions et éditions de la Bible en français », in Découvrir la traduction officielle liturgique de la Bible, pp. 55-56.

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